Lectures : tour d’horizon #2
Malgré l’été qui approche, ces lectures ont été endeuillées par la disparition de Carol Shapiro, qui aura accompagné la webasso de ses sourires et envols.
Pour Carol
Avant toute chose, promenade par ses domaines :
Et des hommages :
- bituur esztreym, « àtrèspluslàlàbas », requiem pour Carol Shapiro
ces couleurs les tiennes dans ma gorge fendue
se surimpriment éclipse et ta respiration
toujours « même si l’ombre rattrape le mot »
de ces noces de coton et de camphre
débute maintenant la procession silencieuse
où le vent pousse solennel gamin
ta péniche qui veut se noyer dans l’oubli
Webasso et alentours
Nouvelle traduction de Laurent Margantin, au rythme d’une phrase par jour. Rien de plus avantageux qu’un terrier pour s’égarer dans un dédale.
De l’extérieur on ne voit à vrai dire qu’un grand trou, mais en réalité celui-ci ne conduit nulle part, après seulement quelques pas on se cogne contre une paroi de roche naturelle, je ne veux pas me vanter d’avoir conçu intentionnellement cette ruse, c’était plutôt le vestige d’une de ces nombreuses et vaines tentatives de construction, mais finalement il me parut avantageux de ne pas boucher ce trou.
Avant l’amour, Giovanni Merlonni
Poésies tendres reprisées en français au cours d’un «atelier de réécriture poétique» (auquel j’ai été fort aimablement conviée). Accents rêveurs ou rieurs, mélancoliques aussi, par l’ami italien qui fait danser les mots. (Il en livre aussi un tour d’horizon ici.)
Elle est la dernière lune
se perdant dans la chaleur du jour.
Elle est
ce coin reculé
où nos voix s’égosillent
et nos corps se croisent
encore une fois.
Elle est
notre lit endormi
où nos ombres silencieuses
s’effondrent.
Échappées belles
Parmi la moisson habituelle faite chez Les Cosaques, une découverte qui raconte une vie comme on fait le tour du propriétaire – dans le cadre d’une paire de rideaux brun.
Depuis longtemps, elle ne comprenait plus rien à la division du temps qui marquait le passage des jours jusqu’à former des mois, voire même des années entières. Mais en observant l’homme au regard bleu, elle eut l’impression fugace de ce que cela pouvait être, de vivre, avec l’incertitude qu’implique le mouvement capricieux du monde, hors de l’emprise des spectres que faisaient planer sur sa tête une satanée paire de rideaux en velours brun.
Claudine Sales, Francis Royo, Contrepoint
L’exactitude des mots mariée aux épanchements de la couleur. On ne se lasse pas de ces noces, qui ont fêté en mai leur premier anniversaire.
CP59 – 12 MAI 2015
Je souhaiterais pouvoir participer aux disséminations ; l’ouverture, la rencontre, les potentialités du multiple sont d’ailleurs en partie à l’origine de l’ouverture de mon blog (LIttérature POésie SOciété ARt…)
Cordialement
IV