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Il y a deux ans, en mai 2013, nous lancions la web-association des auteurs, proposant de « désorganiser le web littéraire et de disséminer les écritures ». L’idée de départ, c’était d’encourager la circulation des textes de blog à blog, de permettre à des écrits déjà mis en ligne d’être repris et lus ailleurs, par de nouveaux lecteurs. Très vite, nous — c’est-à-dire un petit groupe de contributeurs réguliers que la démarche intéressait — avons proposé des disséminations mensuelles articulées autour d’un thème choisi par ces mêmes contributeurs selon leurs envies et leur disponibilité.

Ce n’était pas toujours simple à réaliser, le rythme mensuel était assez intense. Certains thèmes ont eu plus de succès que d’autres, mais même lorsqu’il y avait moins de participants à ces disséminations, la richesse et la densité des contributions étaient toujours au rendez-vous. Au bout de ces deux ans, nous pouvons être fiers de la réalisation de ces dizaines et dizaines de pages web qui ont permis à de nombreux auteurs créant en ligne d’être lus en accès ouvert, hors de tout projet éditorial. Personnellement, j’ai fait chaque mois des découvertes et je sors enrichi de ces deux années de webasso.

La question qui se pose désormais — et nous en avons pas mal discuté entre nous ces derniers jours — est de savoir si nous pouvons poursuivre à ce rythme et dans les mêmes conditions. Les disséminations thématiques ont aussi pu maintenir à l’écart des blogueurs intéressés qui n’ont pas osé franchir le pas, craignant peut-être la difficulté de la démarche : pas toujours facile de trouver le texte à disséminer, cela demande du temps de recherche dont tout le monde ne dispose pas.

Nous avons donc décidé d’alléger et de simplifier un peu (pas trop, faut quand même pas exagérer) les disséminations mensuelles. Nous ne proposerons plus un thème qu’une fois par trimestre : les autres mois, chacun(e) pourra reprendre — toujours le dernier vendredi du mois — le texte qu’il aura particulièrement apprécié sur le blog d’un auteur, texte mis en ligne récemment de préférence. Il y aura toujours aussi la revue disséminée faisant le point sur les contributions. Ce qui reste central, c’est le fait de reprendre un texte et de le donner à lire sur son propre blog pour le proposer à de nouveaux lecteurs, tout en présentant son auteur en quelques mots. En demandant bien sûr toujours à l’auteur l’autorisation de reprendre son texte.

En ne proposant un thème de dissémination qu’une fois tous les trois mois, nous laissons aussi plus de temps pour la recherche et la réflexion. « Et puis au fond, comme me l’écrit Antoine Brea, c’est peut-être plus conforme au projet général très ouvert du départ », car en effet, l’idée de départ était bien de disséminer sans thème précis, avec le seul désir de faire découvrir ou redécouvrir un texte dans un cadre nouveau, l’idée de proposer un thème est venue par la suite.

Autre changement d’importance : jusqu’à présent, nous avions privilégié les blogs littéraires, désireux de faire avant tout découvrir des auteurs écrivant en ligne. Mais les blogs littéraires ne doivent pas devenir des serres à orchidées coupées du tumulte du monde et où seraient alignés les humeurs ou les exercices de style souvent gratuits de leur auteur. Nous proposerons donc de disséminer également des textes qui interrogent et mettent en question le monde sous tous ses aspects, sans jamais séparer la littérature de l’action et de la réflexion politiques. Je me permets ici de reprendre ce que m’écrit Renaud Schaffhauser (j’espère qu’il ne m’en voudra pas) : « Sur le web, ça bouge beaucoup du côté « politique », éclosion de sites comme lundi matin, revue ballast, sans parler des débats filmés, du coup moins de temps à passer sur les blogs « littéraires ». En même temps ce qui me frappe dans la sphère politique, c’est le questionnement généralisé quant à « la forme » : comme si les questions esthétiques, abandonnées par la littérature, étaient reprises par la politique : réformer ou s’insurger, parti ou pas parti, échelle locale, nationale ou internationale, experts ou n’importe qui parle, spectacle ou pas, (bel échange au sujet de la forme dans un débat Rancière-Badiou sur médiapart) ».

On cherchera donc à rendre indissociables, à travers nos disséminations, littérature et politique, mais aussi littérature et philosophie, littérature et sciences, en ouvrant le plus largement possible notre vision du réel via le web. Premières expérimentations en vue : septembre, octobre, puis une dissémination thématique avec Grégory Hosteins, l’idée étant d’inviter le maximum de blogueurs et d’auteurs à participer ! Sans oublier, en juin prochain, la dernière dissémination thématique de la saison.

Petit point sur les 19 disséminations depuis la création de la web-association, liens vers les sommaires de chaque numéro:

2015:

– Avril: Dialogues

– Mars: Littérature de genre

– Février: Ecrire le temps

– Janvier: Inventer une webradio

2014:

– Décembre: Littérature, virtuel

– Novembre: Quelle littérature après Auschwitz ?

– Octobre: Ecouter

– Septembre: Ecrire au monde entier – blogs de voyage

– Juin: Expérimentations numériques

– Mai: L’Amérique

– Avril: De l’être, la frontière

– Mars: Ecritures clandestines

– Février: Le corps dans tous ses états

– Janvier: Ecriture et image

2013:

– Décembre: Raconter une histoire

– Novembre: Cinéma

– Octobre: Une page par jour

– Septembre: Traduction/adaptation

– Août: Pays lointains