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Premier thème «impo­sé» de l’année, la ponc­tua­tion a été l’objet de tous nos soins pour la dis­sé­mi­na­tion de ce mois-ci, pro­po­sée par Grégory Hosteins. De l’art du blanc et de ses silences aux explo­ra­tions gra­phiques, voi­ci com­ment rompre à l’heure du réseau la linéa­ri­té du texte, à dis­po­ser en feuille­tés ou constel­la­tions.

SOMMAIRE DU NUMERO 22

- «Les balises» de Julien Boutonnier (Marie-Noëlle Bertrand)

Le pro­jet des balises est un dis­po­si­tif d’écriture poé­tique ayant pour voca­tion d’aboutir à une édi­tion qui se décline en un site web, un livre numé­rique ain­si qu’un livre papier. Chaque sup­port inter­agit avec l’écriture pour pro­po­ser trois expé­riences de lec­ture dif­fé­rentes et com­plé­men­taires, les­quelles des­sinent un pay­sage contem­po­rain des états pos­sibles du texte.

- «Entre la chair et l’os», entre­tien avec Zakane (Grégory Hosteins)

En ce qui concerne les « mots » c’est évident, ils sont tels le cœur, le foie, les pou­mons, … les organes essen­tiels du site. Je consi­dère les images asso­ciées comme une néces­si­té, un peu comme don­nant une allure géné­rale, presque un aspect phy­sique, un visage. […] Tandis que les « espaces » repré­sentent tout ce qui n’est pas phy­sique – jus­te­ment –, les idées, les pen­sées, les fan­tômes qui se baladent par­tout entre les lettres, entre le texte et l’image, entre l’écriture et sa récep­tion par le lec­teur.

- «Une mer/​mère dérangée(s)» de Claudia Patuzzi (Giovanni Merloni)

L’enfance subit l’attraction de la magie et du pou­voir de tous les mots incon­nus qui cachent un secret ou une inter­dic­tion. Le désir de voir dévoi­lé ce que l’on inter­dit ou qui demeure secret c’est le moteur de l’enfance et de sa peur.

- «Lire-voir : Novella Bonelli-Bassano, Aunryz… et twit­ter» (Noëlle Rollet)

« Il s’agissait pour moi ici de «voir» ce qu’un simple cla­vier pou­vait m’offrir, uti­lisé comme un pin­ceau, ou une aiguille. » : Tout l’art du typo­graphe est mis à contri­bu­tion. Le résul­tat évoque les textes enlu­mi­nés ou, plus encore, le haï­ku, mieux peut-être que beau­coup d’autres accli­ma­ta­tions occi­den­tales si l’on consi­dère que cette enlu­mi­nure lui four­nit un équi­valent de la cal­li­gra­phie, bien dif­fi­cile à notre lan­gage syl­la­bique.

-«L’hyperlivre de Jean Sary» (Serge Marcel Roche)

Un seul volume qui occupe une part ori­gi­nale de l’espace (ain­si qu’une constel­la­tion), des textes qui se relient, rien d’une masse répar­tie en pages défi­lantes (mono­to­nie) mais des frag­ments qui s’appellent, se répondent.

« Pardonne si je m’explique, Pérégrine, tou­jours de tra­vers, mais j’ai
oublié les causes et les effets

alors je relis relie relis relie relis »

- «Oeuvrer à des écri­tures sau­vages», Kafka (Laurent Margantin)

Le Journal est-il autre chose que ce pay­sage de ruines enso­leillé per­du dans la nature que Kafka rêvait d’habiter, et qu’il habite jus­te­ment en déployant une écri­ture sau­vage, rapide, anar­chique, impu­bliable en l’état, d’où toutes les inter­ven­tions sur le texte pour rendre accep­table son appar­te­nance à un genre lit­té­raire, alors qu’il est com­po­sé d’innombrables couches qu’il fau­drait plu­tôt don­ner à lire dans leur hété­ro­gé­néi­té ?

Merci à tous les par­ti­ci­pants !

On se retrouve dès ven­dre­di pour un état d’urgence revi­si­té par vos plumes dis­sé­mi­nées.