Revue disséminée : le travail invisible
Pour être invisible, le travail que chacun d’entre nous a débusqué pour cette dissémination n’en est pas moins considérable et ses effets, eux, souvent bien visibles, sinon remarquables. Quant à savoir pourquoi le travail idéal serait celui qui se fait oublier, ce n’est pas toujours pour la « beauté de l’art »…
Grégory Hosteins salue sur Studio Nuit la façon dont Marguerite Garel révèle le travail des artistes…
Mais voici que des œuvres s’avancent qui, sous leur profond mystère ou sous leur brin de magie, font saillir leur facture, leur montage, le principe de leur feinte, la règle fragile de leur rude fiction.
… et Marguerite Garel, sur Rue des immeubles industriels, lui emboîte le pas pour traquer le travail dans la peinture :
- Le travail de la matière par un atelier de peintre dans le Christ de Nuzi ;
- La rareté des travailleurs, avec le portrait d’un tailleur par Moroni ;
- L’Été et ses activités à la National Gallery de Londres.
Laurent Margantin, en traduisant le Terrier de F. Kafka, traque le plus acharné et absurde des travailleurs souterrains :
Et on crache la nourriture et on aimerait l’enfoncer dans le sol et on retourne à son travail, sans plus du tout savoir auquel, quelque part où cela paraît nécessaire et de tels lieux il y en a suffisamment, on commence mécaniquement à faire quelque chose, comme si c’était juste à cause du gardien qui est venu et auquel il faut jouer une comédie. Mais à peine a-t-on travaillé ainsi un moment qu’on peut faire une nouvelle découverte.
Bernard Umbrecht profite de l’exposition « Hello, Robot. » pour réfléchir au travail et à l’emploi, qui semble le rendre abstrait… en attendant fin avril, où il nous parlera plus spécifiquement du travail. À suivre donc !
Rossum le jeune a d’emblée voulu « simplifier l’homme », le ramener à ses seules fonctionnalités et « à force de simplifier l’homme, il a créé le robot ». Il voulait que « fabriquer des ouvriers artificiels signifie la même chose que fabriquer des moteurs diesel ». Son modèle n’est pas comme pour son oncle l’être humain mais l’homme prolétarisé.
Quant à moi, j’accueille Nila Kazar qui éclaire le travail de l’ombre des ghostwriters, les nègres de l’édition.
On ne peut nier qu’il existe un problème éthique dans cette exploitation éhontée du talent par… quoi, au fait ? Eh bien, par des marques. Car les auteurs qui signent des livres écrits par d’autres sont davantage des marques que des écrivains. Et leurs ouvrages, davantage des produits que des livres.
Enfin, partagé par @tsaravina, l’interview donnée au Monde par Antonio Casilli :
Derrière nos loisirs numériques se cache un bouleversement majeur, mondial, de la façon dont nous produisons de la valeur. De manière plus ou moins invisible, plus ou moins insidieuse, la Silicon Valley nous a tous mis au travail.
Merci à tous et bonne lecture !
(Rendez-vous dès demain pour le prochain thème.)
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