piments

Ebooks côté ventes, tout le monde des­cend. C’est ce que je lis sur ce blog aujourd’hui. En mai 2011, je pro­pose mon pre­mier blog­book sur Oeuvres ouvertes : Grabschke, qui com­bine textes et pho­tos prises au Père Lachaise. Le récit est écrit à par­tir des pho­tos, des liens y condui­sant sont inté­grés au texte. Je ne me sou­cie pas d’une pos­sible édi­tion numé­rique, alors qu’à la même période on «eboo­kise» à tour de bras textes clas­siques scan­nés et contem­po­rains : mode d’édition en clô­ture, avec modèle éco­no­mique à la clé. Quelques mois plus tard — décembre 2011 -, c’est Sin Dni, tou­jours pho­tos et texte bref, que j’ai repris der­niè­re­ment, autre blog que je pré­sente en évo­quant «l’inutilité de l’ebook» et en pro­po­sant un som­maire qui per­met de cir­cu­ler libre­ment dans l’ensemble en cours. Je pour­rais évo­quer encore Pays incon­nu, récit de voyage basé sur la même idée d’un blog lisible sur tablette, nul besoin alors d’éditer des ebooks en impo­sant une concep­tion mar­chande de la lit­té­ra­ture numé­rique. J’écris aus­si (octobre 2011) que «le fer­moir du livre n’est plus notre hori­zon», qu’il faut donc pen­ser à com­po­ser des blogs ouverts : nor­mal, puisque mon pre­mier site (2000) s’appelle D’autres espaces, et mon deuxième (2009) Oeuvres ouvertes… Tout ce qui implique clô­ture sur le web est héri­tage à mes yeux de l’édition tra­di­tion­nelle, et j’ai donc vu très vite les limites de l’ebook : c’est tou­jours le blog qui est pre­mier, c’est l’écriture et le déve­lop­pe­ment du blog qu’il faut encou­ra­ger. Soit contre l’idée d’éditorialisation, qui sert tou­jours un modèle éco­no­mique ancien, que je ne sou­haite pas voir impor­té sur le web pour ce qui est de la lit­té­ra­ture. Logique donc que je refuse le copié-col­lé «revue lit­té­raire» avec sys­tème d’abonnement — autre façon de clô­tu­rer le texte, comme l’ebook, on est tou­jours dans le vieux sys­tème péri­mé de l’édition, avec comi­té de rédac­tion, hié­rar­chie édi­teur-auteur (il semble que ce soit vrai­ment dif­fi­cile de s’en débar­ras­ser et d’inventer autre chose). Amusant donc de voir les mêmes qui ne juraient que par l’ebook hier défendre aujourd’hui la bonne vieille revue, basée sur les mêmes prin­cipes : concen­trer la publi­ca­tion en un point, pen­ser avant tout le texte comme une mar­chan­dise et le web comme un espace d’éditorialisation. Développons, pro­pul­sons des blogs ouverts, dans une concep­tion non-mar­chande de l’écriture lit­té­raire (ce qui n’empêche pas de don­ner des textes à édi­ter ponc­tuel­le­ment, mais dans un second temps, voire ce que j’écris sur le blog­book après l’expérience Kerguelen). De ces réflexions et expé­ri­men­ta­tions tout au long d’une quin­zaine d’années découle la web-asso­cia­tion des auteurs pro­po­sée il y a quelques mois, et qui vise jus­te­ment à encou­ra­ger la com­mu­ni­ca­tion entre blogs et leur déve­lop­pe­ment…

Illustration : Piments réunion­nais, mar­ché des Camélias, Saint Denis​.Et titre du billet ins­pi­ré du somp­tueux livre de Golovanov que je suis en train de lire