Pulp-O-Mizer_Cover_Image

Une chose est cer­taine et par­fai­te­ment évi­dente: notre lit­té­ra­ture tend vers le chaos.

(Jorge Luis Borges)

Une dis­sé­mi­na­tion, c’est à chaque fois l’inconnu: on ne sait jamais quelles idées et quelles approches la pro­po­si­tion don­née au départ va pro­vo­quer. Cette fois-ci, la pro­po­si­tion d’Antoine Brea sur la lit­té­ra­ture de genre pou­vait prê­ter à une inter­pré­ta­tion disons uni­ver­si­taire du sujet. Il n’en fut rien, avec une série de contri­bu­tions où il était la plu­part du temps ques­tion de sub­ver­tir le ou les genre(s) littéraire(s). Un grand mer­ci donc aux contributeurs/​trices de ce mois-ci, le som­maire est vrai­ment riche et pas­sion­nant ! Et ça se confirme une fois de plus: chaque dis­sé­mi­na­tion men­suelle est une manière, pour chacun(e) d’entre nous, de res­pi­rer, d’ouvrir nos blogs et de sor­tir du cloi­son­ne­ment indi­vi­duel qui nous menace tous.

- Antoine Brea nous donne à lire un faux polar du poète et per­for­mer Antoine Boute. Et il ajoute:

On aura com­pris que, ce qui m’intéresse d’abord dans un “genre lit­té­raire”, c’est plu­tôt son ren­ver­se­ment.

- Bernard Umbrecht s’intéresse à un texte d’Adorno inti­tu­lé L’essai comme forme. Il écrit:

L’essai a quelque chose à voir avec la liber­té intel­lec­tuelle. Et for­melle, ce qui va ensemble. Plus encore il a quelque chose de ludique qui rap­pelle l’enfance qui n’a pas peur de s’enthousiasmer pour la décou­verte de ce que d’autres ont fabri­qué pour lui.

- Infernalia: réflexions de Grégory Hosteins sur le Fantastique et Charles Nodier.

Aussi bien que dans le rêve, peut-être mieux encore, la lit­té­ra­ture don­ne­rait donc un accès direct à cette dimen­sion étrange que l’homme plus ou moins inten­sé­ment reven­dique.

- Espace fan­tas­tique encore chez Noëlle Rollet: Le Naurne, han­té par Léo Henry, luvan et Laure Afchain

Tout se mélange, dans le Naurne, et avant toute chose le rêve, ou plu­tôt le cau­che­mar, et la réa­lité. Le som­meil ou son absence tiennent une grande place dans le récit, relais phy­sique des corps exté­nués, ce qui explique peut-être les ombres fantas(ma)tiques que pro­jettent les per­son­nages sur les lieux – à moins que ce ne soit l’exact inverse, que le lieu brouille les fron­tières entre veille et som­meil, dotant Nisrin et Sernin d’une seconde vue « floue »… et hal­lu­ci­née.

- Chez Serge Marcel Roche, Le blog, un genre d’écriture — gabriels.f.

Ce que fait le blog «lit­té­raire», qui n’est pas un genre satis­fait de soi, ne nous regarde pas d’un air enten­du. On ne peut le ran­ger, tous les genres peuvent s’y retrou­ver en coexis­tence, s’allier, se répondre, s’effacer à leur tour quand il faut. 

- Belle lec­ture de Phèdre de Racine par Dakini: où le genre dra­ma­tique est mis en scène par une voix et une musique qui le trans­portent ailleurs, dans un espace incon­nu et rien moins que clas­sique.

- Sur Oeuvres ouvertes, je pro­pose la lec­ture d’un texte d’Aline Royer, Les deux sil­houettes, façon de fêter la pre­mière année d’existence de son blog Concrétions. Et j’écris:

Ce qui m’intéresse dans le fait d’écrire sur le web, c’est qu’on y est libre de ne s’inscrire dans aucun genre déter­mi­né, à un moment où on apprend que l’espace de la lec­ture com­mer­ciale sera de plus en plus domi­né par deux ou trois genres lit­té­raires (selon une étude récente : science fic­tion, fan­tas­tique, heroic fan­ta­sy, hor­reur).